Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/167

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bonard.

Les voleurs ! Quels voleurs ? Mon Dieu, mon bon Dieu ! mais tu n’as plus ta tête, ma pauvre chère femme ! »

Mme Blondel prit la parole et lui expliqua ce qui avait causé leur terreur et le désespoir de Mme Bonard. La longueur de ce récit eut l’avantage de donner aux Bonard le temps de se remettre.

Mme Bonard se leva, se rhabilla, montra à son mari l’armoire et la serrure brisées. Ils firent des suppositions, dont aucune ne se rapprochait de la vérité, sur ce vol qu’ils ne pouvaient comprendre ; ils firent une revue générale à l’intérieur et au dehors ; bêtes et choses étaient à leur place. Quand ils arrivèrent au dindonnier et qu’ils eurent compté les dindons, les cris des femmes recommencèrent.

« Taisez-vous, les femmes, leur dit Bonard avec autorité ; au lieu de crier, remercions le bon Dieu de ce que nos pertes se bornent à deux dindes, à quelque argent, et que les craintes de ma femme ne se trouvent pas réalisées. »

Les femmes se turent. Bonard continua :

« D’ailleurs, ces dindes ne sont peut-être pas perdues ; elles se seront séparées dans le bois, et tu vas les voir revenir probablement avant la nuit. »

Mme Bonard, déjà heureuse de savoir son fils en sûreté, accepta volontiers l’espérance que lui offrait son mari.

Quant à la femme Blondel, le calme de Mme Bonard lui rendit bientôt le sien, qu’elle n’avait perdu qu’en apparence.