Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/201

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Alcide lui en présenta une. Frédéric la prit en disant : « Je veux bien » d’une voix si tremblante, que le bijoutier mit instinctivement la main sur ses bijoux et les ramena devant lui.

le bijoutier.

Vous savez, Messieurs, dit-il, que les bijoux se payent comptant.

alcide.

Certainement, je le sais. Combien cette chaîne ?

le bijoutier.

Quatre-vingts francs, Monsieur.

— Voilà, dit Alcide en jetant sur le comptoir quatre pièces de vingt francs. Et celle-ci ?

— Quatre-vingt-cinq francs, Monsieur, répondit le bijoutier avec une politesse marquée.

— Voilà », dit encore Alcide.

Il voulut tirer sa montre pour la rattacher à la chaîne, il ne la trouva plus ; elle était disparue. Il eut beau chercher, fouiller dans tous ses vêtements, la montre ne se retrouva pas.

« Vous avez été volé, Monsieur ? lui dit le bijoutier ; soupçonnez-vous quelqu’un ?

— Au théâtre, j’étais entre deux jeunes gens qui m’ont fait mille politesses, et auxquels j’ai donné, sur leur demande, l’heure de ma montre, répondit Alcide d’une voix tremblante.

le bijoutier.

Il faut aller porter plainte au bureau du commissaire de police, Monsieur.

— Merci, Monsieur ; viens, Frédéric. »

Frédéric, voyant la figure consternée de son