Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/274

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connaissants ; tu les mèneras tous à la baguette si tu les fournis de temps à autre. »

Ce fut le premier essai d’Alcide et de ses compagnons. Ils continuèrent à dégarnir la bourse de Frédéric en lui faisant sans cesse de nouvelles demandes. Tantôt c’étaient des cigares, tantôt une bouteille de vin, tantôt une petite perte au jeu à payer. Frédéric, méfiant dans les commencements, se laissa aller quand il vit Alcide si complètement changé en apparence, si honteux de son passé, qu’il rappelait adroitement et indirectement sans que personne autre que Frédéric pût le comprendre. Il ne s’apercevait pas que ces prétendus amis le circonvenaient de plus en plus et le séparaient des autres camarades dont ils lui disaient sans cesse du mal.

Un jour, le colonel le rencontra entouré de la bande d’Alcide ; il l’appela.

le colonel.

Comment ça va-t-il, mon cher ? Il y a longtemps que je ne t’ai vu. Pourquoi donc fais-tu société avec ces gens-là ? Ce sont les plus mal notés du régiment. Prends garde ! Je te porte intérêt, tu le sais, et je n’aime pas à te voir fréquenter de mauvais sujets. J’ai mes rapports ; je sais que tu leur donnes de l’argent, que tu es souvent avec eux, qu’ils boivent et te font boire quelquefois. Je te le répète, prends garde qu’ils ne t’entraînent à mal.

frédéric.

Je vous remercie bien de votre bon avis, mon colonel. Je croyais avoir là de bonnes relations. Je les vois bien doux, bien rangés, exacts à leur