Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et il fit encore un mouvement pour emmener Alcide.

alcide.

Va te promener avec ta mort ; je me moque pas mal d’une canaille comme toi. »

Et Alcide lui assena un coup de poing qui le fit chanceler.

« À moi, le poste ! s’écria le maréchal des logis.

— À moi, les amis ! À moi, Frédéric ! s’écria Alcide. Vas-tu laisser coffrer ton ami ? »

Frédéric, qui n’avait pas encore bougé, s’élança au secours d’Alcide, et, sans avoir conscience de ce qu’il faisait, lutta avec le maréchal des logis pour dégager son faux ami.

Le poste accourut.

« Ces deux hommes au cachot, dit le maréchal des logis. Les autres à la salle de police. »

Alcide cria, jura, se débattit, mais fut facilement terrassé et emmené. Frédéric se laissa prendre sans résistance ; l’instinct de la discipline militaire le fit machinalement obéir, mais malheureusement trop tard.

Quand les hommes du poste reconnurent Frédéric, ce fut une surprise et une consternation générales. Le maréchal des logis lui-même partagea cette impression : il ne l’avait pas reconnu avant l’arrivée du poste.

« Impossible de le sauver, pensa-t-il, maintenant que les hommes l’ont vu et l’ont emmené au cachot. Il faut que je fasse mon rapport. Je l’adoucirai de mon mieux. Mais comment s’est-il trouvé au milieu de ces ivrognes, faisant avec eux un tapage infer-