Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/69

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caroline.

Et il a bien fait, car une société comme ça, voyez-vous, Madame Bonard, il y a de quoi perdre un jeune homme.

madame bonard.

Je le sais, ma bonne Mademoiselle Caroline, je ne le sais que trop, et je parlerai ferme à Frédéric, je vous en réponds. Mais, pour Dieu ! n’en dites rien à Bonard, il le rouerait de coups.

caroline.

Je ne dirai rien, Madame Bonard ; mais… je ne sais s’il ne vaudrait pas mieux que le père connaisse les allures de son fils. Ne vaut-il pas mieux que le garçon soit battu maintenant que de devenir un filou, un gueux plus tard ?

madame bonard.

J’y penserai, j’y réfléchirai, ma bonne Caroline, je vous le promets. Mais gardez-moi le secret, je vous en supplie.

caroline.

Je veux bien, moi ; au fait, ça ne me regarde pas, c’est votre affaire. Au revoir, Madame Bonard ; donnez-moi une de vos dindes, que je l’emporte ; si je revenais les mains vides, mon maître serait capable de tomber malade.

madame bonard.

Mais je ne les ai pas, elles sont aux champs.

caroline.

Il faut que nous y allions ; je ne veux pas rentrer sans la dinde.

madame bonard.

Écoutez ; allez le long du bois, tournez dans le