Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/104

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M. de Chattemur.

Si Mina était chez vous depuis longtemps, mon ami, elle n’eût pas été timide et honteuse comme elle l’est maintenant. N’oublie pas qu’il y a toujours à faire une grande différence entre un domestique ancien, sûr de la bonne opinion et de l’affection de ses maîtres, et un domestique nouveau, qui ne sait pas s’il plaît ou déplaît. Je parie qu’elle est inquiète, qu’elle croit que nous prenons sa mésaventure pour un manque de respect. »

Quand Léonce, se tournant vers Mina, se mit à la questionner, elle lui dit effectivement qu’il la ferait gronder.

« Votre papa et ces messieurs et dames vont me croire bien hardie, monsieur Léonce, et ils prendront mauvaise opinion de moi ; cela m’est très pénible.

Léonce.

Mais non, ma bonne Mina ; je viens d’expliquer à tout le monde que c’est ma faute, que c’est moi qui vous ai fait accroire que maman vous ordonnait d’apporter ce pot pour la comédie de Sophie, et papa m’a dit que j’avais eu tort et qu’il fallait vous rassurer, parce qu’ils savent tous que c’est moi qui vous ai fait une mauvaise plaisanterie.

Mina.

Merci bien, monsieur Léonce ; je suis tranquille à présent. »

Mina fit quelques révérences d’excuses et de remerciements, et s’en alla emportant les débris du