Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/117

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« Madeleine,… Élisabeth,… Henriette,… Marie-Thérèse,… Marguerite,… Léonce,… Arthur,… Louis,… Jacques,… Valentine,… Armand,… Sophie,… Paul,… Pierre,… Henri,… Gaston… Ah ! il n’y en pas pour moi. Voici pourtant le papier avec mon nom… Je pourrais bien le mettre à la place de celui de Paul ; il est si petit, qu’il se contentera d’un sac ou d’un mouchoir… Non, ce ne serait pas bien, ce serait égoïste ; ce pauvre petit, il ne peut pas se défendre, lui… Il pleurerait peut-être… Et moi qui suis grande, je peux bien ne pas avoir de panier… Au lieu de marcher avec les enfants de la procession qui jettent des fleurs, je marcherai près de maman… C’est tout de même dommage, ajouta-t-elle en soupirant… J’aurais tant aimé à jeter des fleurs au bon Dieu… Si je changeais le papier ? Allons, allons, pas de faiblesse, pas d’égoïsme. Adieu les fleurs ! adieu les paniers ! je ne veux plus vous voir, vous me tentez trop. »

Et, courant à la maison, elle appela sa bonne :

« Ma bonne, ma bonne, voilà tous les paniers de fleurs pour demain, là-bas, sur l’herbe ; veux-tu les porter dans nos chambres ? Les noms sont dans chaque panier. »

Et Camille courut rejoindre ses cousins et cousines ; elle arriva au milieu de rires et de cris joyeux. Des gamins étaient montés dans les marronniers ; avec leurs sabots ou des bâtons ils faisaient tomber une pluie de marrons ; ceux qui étaient dessous en recevaient sur le dos, sur la tête.