Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/155

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qui le conduisit au grenier, où il put achever tranquillement son dîner improvisé.

Les enfants étaient furieux contre le chat, dont la cruauté les indignait.

« Nous voilà bien en colère contre le chat, dit enfin Élisabeth, et pourtant il n’a rien fait de mal.

Marguerite.

Comment, rien de mal ! il a mangé notre souris, et tu trouves que ce n’est pas mal.

Élisabeth.

Mais non ; le chat mange les souris comme nous mangeons les poulets, seulement nous avons des cuisiniers qui les tuent et les font cuire, tandis que le chat est lui-même son cuisinier.

Sophie.

Mais il lui a fait un mal affreux avec ses vilaines dents !

Élisabeth.

Pas si mal que nous le pensons, car il lui a broyé la tête en une seconde. Et croyez-vous que nous ne lui ayons pas fait beaucoup plus de mal par la frayeur que nous lui avons causée ?

Jacques.

C’est vrai ; elle avait l’air si effrayée, qu’elle me faisait pitié.

Armand.

Je ne veux plus avoir de souris vivantes ; je demanderai à ma bonne de remettre les autres souricières qui les étranglent.

Jacques.

Tu feras très bien, car je vois que ces amuse-