Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pas tout à fait, reprit Lamalice, enlevant le poulet et la tarte, qui devinrent invisibles comme elle.

— Minet ! Minet ! viens à mon secours. Où es-tu, mon fidèle Minet ? »

Lamalice, laissant Esbrouffe en face de son pain sec, se souhaita chez une pauvre famille dans le besoin ; elle se trouva dans une misérable chaumière ; une pauvre femme partageait entre ses quatre enfants un morceau de pain qui aurait à peine suffi à un seul de ces petits affamés. Le père, pâle et hâve, se cachait le visage de ses deux mains et priait le bon Dieu de venir à son secours.

« Hélas ! mon Dieu ! disait-il, je n’ai plus la force de travailler sans manger. Du pain, mon bon Dieu ! du pain pour mes enfants, pour ma femme et pour moi ! »

Un cri joyeux lui fit lever la tête ; quelle ne fut pas sa surprise en voyant un gros poulet rôti et une belle tarte ! Au moment où il allait demander qui leur avait apporté ce secours si nécessaire, un gros pain, une bouteille de vin et une vaisselle complète vinrent se placer près du poulet. La faim se faisant sentir cruellement, toute la famille commença par manger pain, poulet et tarte, et boire de ce bon vin qui leur donna des forces. Ils se demandèrent ensuite comment tout cela était venu, sans pouvoir répondre à cette question. L’étonnement du père redoubla quand il aperçut quelques pièces d’or au fond d’un verre.

« C’est le bon Dieu qui nous envoie ces trésors.