Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/250

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M. Éliant.

Non, nous ne leur en donnerons pas assez pour leur faire mal ; seulement de quoi les enivrer un peu. »

Les enfants demandèrent à leur oncle de faire l’expérience tout de suite. M. Éliant y consentit. Ils allèrent tous à l’écurie pour prendre de l’avoine ; on versa dans une terrine une demi-bouteille d’eau-de-vie, puis l’avoine, que les enfants mêlèrent et remêlèrent jusqu’à ce qu’elle fût bien imbibée d’eau-de-vie.

M. Éliant.

À présent, allons à la ferme. Qui est-ce qui se charge de porter la terrine ?

— C’est moi ! c’est moi ! s’écrièrent-ils tous à la fois.

— Vous ne pouvez pas vous mettre dix à porter une terrine, dit M. Éliant. Tirons au sort, à la courte paille.

— Comment ça se fait-il, la courte paille, mon oncle ?

— Je vais prendre autant de brins de paille qu’il y a d’amateurs pour porter la terrine. Chaque brin aura une longueur différente ; je les prendrai tous dans ma main de manière à ne laisser passer que les bouts, et je cacherai de l’autre main le reste des pailles. Chacun tirera la sienne, et celui qui aura la plus courte portera la terrine. »

Les enfants se mirent à chercher des brins de paille ; M. Éliant les coupa de longueurs différentes et, les mêlant toutes, il les présenta aux enfants.