Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/300

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si les loups ne sont pas tous assez éloignés ; il y a toujours des traînards parmi eux. Vous êtes le maître, vous devez rester près de madame et des enfants ; moi je suis le serviteur et je dois chercher à nous sauver tous. D’ailleurs, maître, l’idée est à moi, j’ai le droit de l’exécuter.

— Va, mon brave Nikita, et que Dieu te protège. »

Nikita ôta son chapeau, fit un grand signe de croix, détacha six chevaux, les plaça près de la porte.

« Entrouvrez la porte, maître. »

M. Bogoslafe ouvrit la porte suffisamment pour le passage d’un cheval. Nikita donna de grands coups de fouet aux chevaux, qui se précipitèrent dehors ; il referma vivement la porte et la barricada. Dès que les chevaux furent dehors, des hurlements s’élevèrent, les loups se précipitèrent de tous côtés sur les chevaux, qui se mirent à courir, comme l’avait prévu Nikita, dans le chemin qu’ils avaient parcouru la veille. Toute la bande hurlante se mit à leur poursuite. Quand on n’entendit plus rien, Nikita sauta sur un des chevaux restants, salua son maître, fit un signe de croix et se dirigea vers la porte.

« Ouvrez, maître ! et que le bon Dieu vous bénisse, vous, madame et les enfants. »

M. Bogoslafe fit aussi le signe de croix, ouvrit la porte et la referma sur ce fidèle serviteur qui payerait peut-être de sa vie son dévouement à ses maîtres. M. Bogoslafe écouta, mais n’entendit