Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/333

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Avec des peines infinies, on parvint à faire avancer les chevaux, et on arriva à la porte de l’auberge. Malgré le bruit que faisaient les gens et les chevaux, personne ne paraissait ; la porte restait fermée. On continua d’appeler, de frapper ; enfin un homme entr’ouvrit la porte et demanda d’un ton bourru ce qu’on voulait. Le postillon et le domestique expliquèrent ce que demandait ma tante, et déclarèrent à l’aubergiste que s’il ne voulait pas les laisser entrer de bonne grâce, ils entreraient de force. L’aubergiste ne répondit pas et ouvrit la porte ; ma tante descendit de voiture avec sa femme de chambre, le postillon détela les chevaux à l’écurie, Fritz aida la femme de chambre à monter les sacs de nuit et la cassette qui contenait l’argent et les bijoux de ma tante.

L’aubergiste, toujours silencieux, mena ma tante dans une chambre au rez-de-chaussée, où se trouvaient un lit, une table, deux chaises et un buffet.

« Je voudrais avoir une chambre à deux lits, pour que ma femme de chambre couche auprès de moi, dit ma tante.

— Je n’en ai pas, répondit brusquement l’aubergiste.

Ma tante.

Je veux au moins que ma femme de chambre couche tout près d’ici.

L’aubergiste.

On la mettra dans la chambre à côté.

Ma tante.

Et mon domestique ?