Page:Ségur - Les Malheurs de Sophie.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
LES MALHEURS DE SOPHIE.

« Oh ! merci, ma chère maman, s’écria Sophie. Que je suis contente ! Comme c’est joli !

la maman.

Tu étais un peu attrapée tout à l’heure, quand tu as cru que je te donnais un vrai livre ; mais je ne t’aurais pas joué un si mauvais tour. Tu pourras t’amuser à peindre dans la journée avec ton cousin Paul et tes amies Camille et Madeleine, que j’ai engagées à venir passer la journée avec toi : elles viendront à deux heures. Ta tante d’Aubert m’a chargée de te donner de sa part ce petit thé ; elle ne pourra venir qu’à trois heures, et elle a voulu te faire son cadeau dès le matin. »

L’heureuse Sophie prit le plateau avec les six tasses, la théière, le sucrier et le pot à crème en argent. Elle demanda la permission de faire un vrai thé pour ses amies.

« Non, lui dit Mme de Réan, vous répandriez la crème partout, vous vous brûleriez avec le thé. Faites semblant d’en prendre, ce sera tout aussi amusant. »

Sophie ne dit rien, mais elle n’était pas contente.

« À quoi me sert un ménage, se dit-elle, si je ne puis rien mettre dedans ? Mes amies se moqueront de moi. Il faut que je cherche quelque chose pour remplir tout cela. Je vais demander à ma bonne. »

Sophie dit à sa maman qu’elle allait montrer tout cela à sa bonne ; elle emporta sa boîte et son thé et courut dans sa chambre.