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LES MALHEURS DE SOPHIE.

La voiture était si basse que les enfants ne furent pas blessés, mais ils eurent tous le visage et les mains écorchés. Ils se relevèrent tristement ; les petits fermiers s’en allèrent à la ferme ; Sophie et Paul retournèrent à la maison. Sophie était honteuse et inquiète ; Paul était triste. Après avoir marché quelque temps sans rien dire, Sophie dit à Paul :

« Oh ! Paul, j’ai peur de maman ! Que va-t-elle me dire ?

paul, tristement.

Quand tu as pris ce houx, je pensais bien que tu ferais du mal à ce pauvre âne ; j’aurais dû te le dire plus vivement, tu m’aurais peut-être écouté.

sophie.

Non, Paul, je ne t’aurais pas écouté, parce que je croyais que le houx ne pouvait pas piquer à travers les poils épais de l’âne. Mais que va dire maman ?

paul.

Hélas ! Sophie, pourquoi es-tu désobéissante ? Si tu écoutais ma tante, tu serais moins souvent punie et grondée.

sophie.

Je tâcherai de me corriger ; je t’assure que je tâcherai. C’est que c’est si ennuyeux d’obéir !

paul.

C’est bien plus ennuyeux d’être puni. Et puis, j’ai remarqué que les choses qu’on nous défend sont dangereuses ; quand nous les faisons, il nous