Achetez-moi une tortue, maman, achetez-moi une tortue.
Quelle folie ! C’est en plaisantant que je te parlais d’une tortue, c’est une affreuse bête, lourde, laide, ennuyeuse ; je ne pense pas que tu puisses aimer un si sot animal.
Oh ! maman, je vous en prie ! elle m’amusera beaucoup. Je serai bien sage pour la gagner.
Puisque tu as envie d’une si laide bête, je puis bien te la donner, mais à deux conditions : la première, c’est que tu ne la laisseras pas mourir de faim ; la seconde, c’est qu’à la première grosse faute que tu feras, je te l’ôterai.
J’accepte les conditions, maman, j’accepte. Quand aurai-je ma tortue ?
Tu l’auras après-demain. Je vais écrire ce matin même à ton père, qui est à Paris, de m’en acheter une : il l’enverra demain soir par la diligence, et tu l’auras après-demain de bonne heure.
Je vous remercie mille fois, maman. Paul va précisément arriver demain, il restera quinze jours avec nous : il aura le temps de s’amuser avec la tortue. »