Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/165

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Mlle Sophie qui a mis en pièces un livre et du papier. Voulez-vous ensuite m’apporter une autre Journée du Chrétien, du papier et une plume ? »

Pendant qu’Élisa balayait les papiers, Mme de Fleurville s’assit sur la chaise et regarda Sophie, qui, tremblante devant le calme de Mme de Fleurville, aurait tout donné pour n’avoir pas déchiré le livre, le papier et écrasé la plume. Quand Élisa eut apporté les objets demandés, Mme de Fleurville se leva, appela tranquillement Sophie, la fit asseoir sur la chaise et lui dit :

« Vous allez écrire dix fois Notre Père, mademoiselle, comme je vous l’ai dit tantôt ; vous n’aurez pour votre dîner que de la soupe, du pain et de l’eau ; vous paierez les objets que vous avez déchirés avec l’argent que vous devez avoir toutes les semaines pour vos menus plaisirs. Au lieu de revenir avec vos amies, vous passerez vos journées ici, sauf deux heures de promenade que vous ferez avec Élisa, qui aura ordre de ne pas vous parler. Je vous enverrai votre repas ici. Vous ne serez délivrée de votre prison que lorsque le repentir, un vrai repentir, sera entré dans votre cœur, lorsque vous aurez demandé pardon au bon Dieu de votre dureté envers les pauvres, de votre gourmandise égoïste, de votre emportement envers Marguerite, de votre esprit de colère et de votre méchanceté, qui vous a portée à détruire tout ce que vous pouviez briser et déchirer, de votre