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LES VACANCES.

pas non plus pourquoi cet homme l’appelait Mlle de Réan. Ils ne la connaissaient que sous le nom de Fichini.

Léon paraissait très-honteux de ce qui s’était passé. Il osait à peine lever les yeux sur son père, qui le regardait d’un air froid et mécontent. Il fut donc très-satisfait de voir l’attention générale se reporter sur Sophie et sur l’inconnu. Sophie continua à interroger celui qu’elle appelait le Normand.

SOPHIE

Vous ne me dites pas ce qu’est devenu mon pauvre Paul ? a-t-il péri avec le vaisseau ?

L’HOMME.

Non, mamzelle de Réan. Quand le commandant vit que les chaloupes s’étaient éloignées, que beaucoup de monde avait péri, qu’il ne restait plus personne sur le bâtiment, il me gronda de ne pas m’être sauvé avec les autres. Je lui dis que je ne quitterais ni mon commandant ni mon bâtiment. Il me serra la main, regarda d’un air attendri votre petit cousin qui pleurait tout bas et se tenait collé contre lui. « À notre tour, mon Normand, me dit-il. Tâchons de nous tirer de là ; le bâtiment n’en a pas pour une heure. » Alors nous tînmes conseil ; ce ne fut pas long ; en dix minutes nous avions fait un radeau ; nous portâ-