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LES VACANCES.

garde comme ma sœur et mon amie, et je veux que tu saches tous mes secrets. Non, mon père d’Aubert ne m’aimait pas, ni maman non plus ; quand je n’étais pas avec Sophie, je m’ennuyais beaucoup ; j’étais toujours avec les domestiques, qui me traitaient mal, sachant qu’on ne se souciait pas de moi. Quand je m’en plaignais, maman me disait que j’étais difficile, que je n’étais content de rien, et papa me donnait une tape et me chassait du salon en me disant que je n’étais pas un prince, pour que tout le monde se prosternât devant moi.

MARGUERITE.

Pauvre Paul ! Alors tu as été heureux avec papa, qui a l’air si bon ?

PAUL.

Heureux comme un poisson dans l’eau ! Mon père, ou plutôt notre père, est le meilleur, le plus excellent des hommes. Les sauvages mêmes l’aimaient et le respectaient plus que leur roi. Tu juges comme je dois l’aimer, moi qui ne le quittais jamais et qu’il aimait comme il t’aime.

MARGUERITE.

Et comment se fait-il que le Normand ne soit pas resté avec vous ?

PAUL.

Tu sauras cela ce soir.