Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/114

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6 mai 1872, Paris.

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Je regrette beaucoup, chers enfants, d’avoir dû vous quitter, mais il n’y a pas moyen de faire autrement. Un jour viendra, je l’espère, où je ne vous quitterai plus jamais ; il faut pour cela que nous vivions tous saintement et pas comme les pétroleux, les communards et autres gens riches et pauvres, rois, princes et ouvriers. Adieu, mon enfant chéri, je t’embrasse bien tendrement avec le petit Paul….. ton oncle s’absentera souvent dans les environs de Paris, mais il s’arrangera pour vous recevoir les jours de sortie. J’ai laissé chez l’abbé les livres que vous lisez, Quentin Durward et Ivanhoë pour toi, cher enfant, et les trois volumes des Enfants du capitaine Grant pour Paul. Adieu, que le bon Dieu vous bénisse. Ton oncle voudrait bien engager le Père S. à dîner chez lui ; mais les Jésuites ne dînent jamais en ville, excepté dans les Congrégations religieuses, ou dans une occasion extraordinaire ; mais quand il ira te voir, il demandera le Père S. et il sera très content de le voir, car il l’aime beaucoup et il est content que tu sois sous sa direction…..

Comme je le connais un peu par ton oncle et par toi-même, je me permets de lui présenter mes respects et de te recommander à son affection. Si l’Académie te donne trop à faire et prend sur tes récréations, donne ta démission ; trop de travail rend malade et empêche à la longue de faire un bon travail profitable.

Donner sa démission est honorable quand on a pour motif le désir et la volonté de bien faire sa classe et qu’on sent l’impossibilité d’y ajouter le travail de l’Académie. Ce qui est honteux et humiliant, c’est d’être renvoyé pour paresse et incapacité, mais cela ne t’arrivera jamais, à toi.