Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/123

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que ton père ne t’en avait pas donné, comme je le croyais, [1], je l’aurais déjà dans ma chambre, prêt à partir pour rejoindre son jeune maitre…..Ici nous croyons tous que tu ne pourras pas avoir de prix, à cause des quatre ou cinq mois de retard pour ta rentrée à Vaugirard, et du mois complet de manque de travail à cause de l’épidémie de Poitiers [2]. Ainsi, personne ne s’étonnera que tu n’en aies pas ; le contraire serait étonnant et admirable. Il fait très chaud ici depuis quelques jours, 33 degrés, mais aujourd’hui ; l’air se rafraîchit. Les bains de mer remontent Pierre, Henri, Marie-Thérèse, Armand, Henriette, etc.

Il y a eu ces jours-ci deux accidents deux jours de suite ; deux pauvres petits garçons de dix et quatorze ans qui se sont noyés en se baignant sans savoir nager. Tous les ans, il y a ici des malheurs de ce genre, parce qu’il y a près des ponts des tourbillons, et partout de la vase au lieu de gravier ; un des petits garçons a enfoncé petit à petit dans la vase, tandis que ses camarades se sauvaient effrayés, au lieu d’appeler au secours ; on l’a retrouvé à la marée basse, mort depuis trois ou quatre heures. Adieu, mon cher bon petit, je t’embrasse bien tendrement, ainsi que Paul. J’irai vous voir dimanche 4 pour arranger notre départ, et emporter ce que je pourrai de paquets.


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Kermadio, 24 juillet 1872.

Mon cher petit Jacques, réponds-moi oui ou non, si tu veux un fusil tout pareil à celui d’Armand ; j’en ai commandé un et si par hasard il n’était pas prêt quand je par-

  1. Jacques avait déjà un petit fusil à un coup.
  2. Épidémie de fièvre typhoïde qui nous avait décidés à remettre Jacques à Vaugirard, ainsi que Paul.