Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les a fait bien dîner, boire vins et café, après quoi on les a fait coucher encore tremblants des dangers qu’ils avaient courus. Nous nous sommes tous moqués d’eux, et surtout du chef de file, l’abbé ; tes sœurs riaient à se tordre. Pendant ce temps, l’institutrice de tes sœurs était à Saint-Hilaire chez Mlle S., attendant la voiture sans avoir écrit, et sans rien faire dire ; elle a couché chez Mlle S., et n’est arrivée que le lendemain (hier) à pied, tremblante de fatigue, de froid et d’effroi ; tout va bien aujourd’hui ; personne de mort ni de peur, ni de fatigue. Maman va bien, ainsi que le petit Louis qui a fait une excellente nuit… Tes petites affaires sont transportées dans ton bureau, dans la chambre de Paul, pour que personne n’y touche. Adieu, mon cher petit chéri, je t’embrasse bien tendrement, ainsi que Paul ; à revoir mercredi. Tout le monde t’embrasse.

Grand’mère de Ségur.


─────


Livet, 1872, 14 octobre.

Cher enfant, un accident de voiture a retardé mon départ jusqu’à demain ; au moment où nous partions pour gagner le train de 1 h. 20 (express), la carriole qui portait nos bagages et sur laquelle était Saint-Jean avec Rossignol qui menait, a été jetée de côté et Saint-Jean lancé à droite de la route ; la carriole lui ayant passé sur les jambes, il est resté sur l’herbe, ne pouvant pas se relever. Brière a arrêté la voiture où j’étais avec Honorine et l’abbé ; lui et l’abbé ont couru à Saint-Jean ; Charles est accouru et à trois ils l’ont porté presque sans connaissance à la maison, dans la chambre de l’abbé ; de tous côtés on criait, on courait, le croyant