Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/139

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Montmorillon, 1873, 4 avril.

Cher bon petit Jacques, j’ai reçu ta lettre le jour.de mon départ de Malaret. Je te remercie de ton offre aimable de revenir deux jours plus tôt pour me voir chez moi ; mais je repousse ce sacrifice trop grand pour la brièveté de tes vacances de Pâques. Viens seulement le dernier jour pour dîner avec moi et coucher chez moi ; le lendemain matin je te ramènerai au collège à 7 h. du matin s’il le faut, à 6 h. même si c’est nécessaire ; mais je serais désolée de te priver de deux jours de vacances et de réunions de famille. Je compte sur toi pour me donner des nouvelles détaillées du pauvre petit Paul… Maman me dit qu’il lui faudrait les eaux. S’il en a besoin, elle doit savoir que je suis prête à payer tout ce qui sera nécessaire à sa santé, et que s’il lui faut mille ou deux mille francs pour prendre des eaux…. ils sont tout prêts à passer de ma bourse dans celle de maman. Quand tu seras à Livet, parle-lui dans ce sens ; je serais heureuse de contribuer à la guérison du pauvre petit Paul. C’est à toi que je confie la négociation de cette affaire très utile à la santé et peut-être à la vie de ton frère [1]. J’attends avec une grande impatience le moment de te revoir et de causer avec toi. Louis et Gaston de Malaret ont été très fâchés de mon départ ; c’est lundi de la Passion que je les ai quittés, eux partant, avec dix enfants de chœur pour faire la quête des œufs pour l’église dans toutes les maisons de la paroisse ; ils en ont eu huit douzaines ce jour-là et douze douzaines le lendemain ; ils les vendent dans les maisons riches (pour l’église) ; on leur

  1. Tout en étant reconnaissants à ma mère de sa pensée affectueuse, nous avons décliné absolument son offre. — Les soins à la maison ont pu suffire pour obtenir la guérison de notre cher malade.