Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/71

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mon cher petit Jacques, je t’embrasse bien tendrement….. Saint-Jean sera, je le crains, obligé de partir ; il mourra à la première étape. J’espère le faire conserver dans la nationale, en raison de sa mauvaise santé. Adieu,mon petit chéri.Pierre et Henri t’embrassent en compagnie des autres cousines et cousins ; ils tremblent d’être rappelés aux Nouettes ; leur mère les a prévenus hier que si leur père est obligé d’aller à Paris, elle les fera revenir, pour ne pas rester seule, sans hommes, aux Nouettes….. La pauvre Mme de X. ne peut pas retourner chez elle à la campagne ; les Prussiens y sont en visite, en attendant qu’on les fasse déguerpir. Adieu, chéri.

Grand’mère de Ségur.


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Kermadio, 7 septembre 1870.

Mon cher petit Jacques, le bon Dieu nous envoie la République qui, jointe aux Prussiens, rendra peut-être impossible toute communication avec nous. Si vous ne recevez, ni les uns ni les autres, de nouvelles de Kermadio, ne crois pas que je vous oublie ; toi et tous les tiens vous êtes sans cesse près de moi par la pensée du cœur. Je ne sais ce que le bon Dieu décidera de notre sort et s’il permettra que je puisse vous revoir ; dans cette incertitude, je vous envoie à tous et principalement à toi, mon petit chéri, ma bénédiction la plus tendre et mes vœux bien sincères pour votre bonheur en ce monde et surtout dans le monde éternel ; n’oublie jamais, mon enfant, que toutes nos actions,toutes nos pensées doivent tendre à nous réunir dans le sein de Dieu, que la vie passe bien vite et que plus nous souffrons ici-bas, plus nous serons heureux et glorifiés