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XIX

L’ÂNE SAVANT


Un jour, je vis accourir les enfants dans le pré où je mangeais paisiblement, tout près du château. Louis et Jacques jouaient auprès de moi, et s’amusaient à monter lestement sur mon dos ; ils croyaient être agiles comme des faiseurs de tours, et ils étaient, je dois l’avouer, un peu patauds, surtout le bon petit Jacques, gros, joufflu, plus trapu et plus petit que son cousin. Louis parvenait quelquefois, en s’accrochant à ma queue, à grimper (il disait s’élancer) sur mon dos ; Jacques faisait des efforts prodigieux pour y arriver à son tour ; mais le bon petit gros roulait, tombait, soufflait, et ne pouvait y arriver qu’avec l’aide de son cousin, un peu plus âgé que lui. Pour leur épargner une si grande fatigue, je m’étais placé près d’une petite butte de terre. Louis avait déjà montré