Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/229

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Pierre.

Certainement non, mais chacun a son goût, et le goût de Cadichon lui a fait choisir Camille.

Élisabeth.

Au lieu de parler de jolies ou de laides, nous devrions demander à Cadichon comment il a pu si bien comprendre ce que disait cet homme ?

Henriette.

Quel dommage que Cadichon ne puisse parler ! que d’histoires il nous raconterait !

Élisabeth.

Qui sait s’il ne nous comprend pas ? J’ai bien lu, moi, les Mémoires d’une poupée ; est-ce qu’une poupée a l’air de voir et de comprendre ? Cette poupée a écrit qu’elle entendait tout, qu’elle voyait tout.

Henri.

Est-ce que tu crois cela, toi ?

Élisabeth.

Certainement, je le crois.

Henri.

Comment la poupée a-t-elle pu écrire ?

Élisabeth.

Elle écrivait la nuit avec une toute petite plume de colibri, et elle cachait ses Mémoires sous son lit.

Madeleine.

Ne crois donc pas de pareilles bêtises, ma pauvre Élisabeth ; c’est une dame qui a écrit ces Mémoires d’une poupée, et, pour rendre le livre plus amusant elle a fait semblant d’être la poupée et d’écrire comme si elle était une poupée.