Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/86

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ajouta-t-elle en dénouant un coin de son mouchoir ; mais… faut pas m’en demander d’autres, car je n’en ai pas beaucoup.

Jeannot.

Ah bien ! si vous gagnez, vous n’en manquerez pas, car tout le village a mis au sac : il y a plus de cent francs. »

J’approchai de la mère Tranchet, et je fis une pirouette, un saut, une ruade d’un air si délibéré que les jeunes garçons commencèrent à craindre de me voir gagner le prix.

« Écoute, Jeannot, dit André tout bas, tu as eu tort de laisser la mère Tranchet mettre au sac. La voilà maintenant qui a le droit de faire courir Cadichon, et il m’a l’air alerte et disposé à nous souffler la montre et l’argent.

Jeannot.

Ah bah ! que t’es nigaud ! Tu ne vois donc pas la figure qu’il a, ce pauvre Cadichon ! Il va nous faire rire ; il n’ira pas loin, va.

André.

Je n’en sais rien. Si je lui présentais de l’avoine pour le faire partir ?

Jeannot.

Et les dix sous de la mère Tranchet, donc ?

André.

Et bien, l’âne parti, on les lui rendrait.

Jeannot.

Au fait, Cadichon n’est pas plus à elle qu’à moi ou à toi. Va chercher un picotin, et tâche de le