Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/108

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Ils envoyaient tous les ans à la fermière une petite somme d’argent, pour payer la dépense de Rosette, faisaient demander de ses nouvelles, mais ne la faisaient jamais venir chez eux et ne s’occupaient pas du tout de son éducation. Rosette eût été mal élevée et ignorante, si sa bonne marraine la fée Puissante ne lui avait envoyé des maîtres et ne lui avait fourni tout ce qui lui était nécessaire. C’est ainsi que Rosette apprit à lire, à écrire, à compter, à travailler ; c’est ainsi qu’elle devint très habile musicienne, qu’elle sut dessiner et parler plusieurs langues étrangères. Rosette était la plus jolie, la plus belle, la plus aimable et la plus excellente princesse du monde entier. Jamais Rosette n’avait désobéi à sa nourrice et à sa marraine. Aussi jamais elle n’était grondée ; elle ne regrettait pas son père et sa mère, qu’elle ne connaissait pas, et elle ne désirait pas vivre ailleurs que dans la ferme où elle avait été élevée.

Un jour qu’elle était assise sur un banc devant la maison, elle vit arriver un homme en habit et chapeau galonnés, qui, s’approchant d’elle, lui demanda s’il pouvait parler à la princesse Rosette.

« Oui, sans doute, répondit Rosette, car c’est moi qui suis la princesse Rosette.

— Alors, princesse, reprit l’homme en ôtant son chapeau, veuillez recevoir cette lettre que le roi votre père m’a chargé de vous remettre. »

Rosette prit la lettre, l’ouvrit et lut ce qui suit :


« Rosette, vos sœurs ont dix-huit ans ; elles