Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/113

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gros bas de filoselle bleus. Une troisième goutte sur le bouquet en fit une aile de poule ; les souliers devinrent de gros chaussons de lisière.

« Voilà, dit-elle d’un air gracieux, comment je veux que paraisse ma Rosette. Je veux que tu mettes tout cela, Rosette, et, pour compléter ta parure, voici un collier, une attache pour ta coiffure et des bracelets. »

En disant ces mots, elle tira de sa poche et mit dans la caisse un collier de noisettes, une attache de nèfles et des bracelets en haricots secs.

Elle baisa le front de Rosette stupéfaite et disparut.

Rosette et la nourrice se regardaient ébahies ; enfin, la nourrice éclata en sanglots.

« C’était bien la peine de me donner tant de mal pour cette pauvre robe ! le premier torchon venu aurait aussi bien fait l’affaire. Oh ! Rosette, ma pauvre Rosette, n’allez pas aux fêtes ; prétextez une maladie.

— Non, dit Rosette, ce serait désobligeant pour ma marraine : je suis sûre que ce qu’elle fait est pour mon bien, car elle est bien plus sage que moi. J’irai donc, et je mettrai tout ce que ma marraine m’a laissé. »

Et la bonne Rosette ne s’occupa pas davantage de sa toilette : elle se coucha et dormit bien tranquillement.

Le lendemain, à peine était-elle coiffée et habillée, que le carrosse du roi vint la prendre ; elle embrassa sa nourrice, fit mettre sa petite caisse dans la voiture et partit.