Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/115

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amenée dans cette chambre si indigne de vous. La reine a disposé de tous ses appartements pour les rois et reines invités ; il ne lui en restait plus, et…

— Bien, bien, dit Rosette en souriant ; je ne vous en veux nullement de mon logement ; je m’y trouverai très bien.

— Je viendrai vous chercher, princesse, pour vous mener chez le roi et la reine, quand l’heure sera venue.

— Je serai prête, dit Rosette ; au revoir, joli page. »

Rosette se mit à défaire sa caisse ; elle avait le cœur un peu gros ; elle tira en soupirant sa sale robe en toile à torchons et le reste de sa toilette, et elle commença à se coiffer devant un morceau de glace qu’elle trouva dans un coin de la chambre. Elle était si adroite, elle arrangea si bien ses beaux cheveux blonds, son aile de poule et l’attache faite de nèfles, que sa coiffure la rendait dix fois plus jolie. Quand elle fut chaussée et qu’elle eut revêtu sa robe, quelle ne fut pas sa surprise en voyant que sa robe était devenue une robe de brocart d’or brodée de rubis d’une beauté merveilleuse ! Ses gros chaussons étaient de petits souliers en satin blanc rattachés par une boucle d’un seul rubis d’une beauté idéale ; les bas étaient en soie, et si fins qu’on pouvait les croire tissus en fil d’araignée. Son collier était en rubis entourés de gros diamants ; ses bracelets étaient en diamants les plus beaux qu’on eût jamais vus ; elle