Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les princesses Orangine et Roussette étouffaient de colère ; ils s’étaient réunis tous quatre chez la reine.

« C’est affreux, disaient les princesses, d’avoir fait venir cette odieuse Rosette, qui a des parures éblouissantes, qui se fait regarder et admirer par tous les nigauds de rois et de princes. Est-ce donc pour nous humilier, mon père, que vous l’avez appelée ?

— Je vous jure, mes belles, répondit le roi, que c’est par ordre de la fée Puissante que je lui ai écrit de venir ; d’ailleurs j’ignorais qu’elle fût si belle et que…

— Si belle ! interrompirent les princesses ; où voyez-vous qu’elle soit belle ? Elle est laide et bête ; c’est sa toilette qui la fait admirer. Pourquoi ne nous avez-vous pas donné vos plus belles pierreries et vos plus belles étoffes ? Nous avons l’air de souillons, près de cette orgueilleuse.

— Et où aurais-je pris des pierreries de cette beauté ? Je n’en ai pas qui puissent leur être comparées. C’est sa marraine, la fée, qui lui a prêté les siennes.

— Pourquoi aussi avoir appelé une fée pour être marraine de Rosette, tandis que nous n’avions eu que des reines pour marraines ?

— Ce n’est pas votre père qui l’a appelée, reprit la reine ; c’est bien la fée elle-même qui, sans être appelée, nous apparut et nous signifia qu’elle voulait être marraine de Rosette.

— Il ne s’agit pas de se quereller, dit le roi,