Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus légère ; chacun les regardait avec une admiration croissante. C’était tellement supérieur à la danse d’Orangine et de Roussette, que celles-ci, ne pouvant plus contenir leur fureur, voulurent s’élancer sur Rosette pour la souffleter et lui arracher ses diamants ; le roi et la reine, qui ne les perdaient pas de vue et qui devinèrent leurs intentions, les arrêtèrent et leur dirent à l’oreille :

« Prenez garde à la fée Puissante ; patience, demain sera le dernier jour. »

Quand la danse fut terminée, les applaudissements éclatèrent de toute part, et chacun demanda avec instance à Rosette et Charmant de recommencer. Comme ils n’étaient pas fatigués, ils ne voulurent pas se faire prier, et exécutèrent une danse nouvelle plus gracieuse et plus légère encore que la précédente. Pour le coup, Orangine et Roussette n’y tinrent plus ; la colère les suffoquait ; elles s’évanouirent ; on les emporta sans connaissance. Leurs visages étaient tellement enlaidis par la colère et l’envie, qu’elles n’étaient plus jolies du tout ; personne ne les plaignait, parce que tout le monde voyait leur jalousie et leur méchanceté. Les applaudissements et l’enthousiasme pour Rosette devinrent si bruyants, que pour s’y soustraire elle se réfugia dans le jardin, où Charmant la suivit ; ils se promenèrent le reste de la soirée et s’entretinrent de leurs projets d’avenir, si la fée Puissante permettait à Rosette d’unir sa vie à celle de Charmant. Les diamants de Rosette brillaient d’un tel éclat que les allées où ils mar-