Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et Gracieux, et je n’aurai plus rien à craindre de la méchante fée.

— Rosalie, Rosalie, dit précipitamment la petite voix de la Souris, me voici près de toi ; je ne suis plus ton ennemie, et pour te le prouver, je vais, si tu veux, te faire voir ce que contient la cassette. »

Rosalie ne répondit pas.

« Rosalie, tu n’entends donc pas ce que je te propose ? Je suis ton amie, crois-moi, de grâce. »

Pas de réponse.

Alors la Souris grise, qui n’avait pas de temps à perdre, s’élança sur la cassette et se mit en devoir d’en ronger le couvercle.

« Monstre, s’écria Rosalie en saisissant la cassette et la serrant contre sa poitrine, si tu as le malheur de toucher à cette cassette, je te tords le cou à l’instant ! »

La Souris lança à Rosalie un coup d’œil diabolique, mais elle n’osa pas braver sa colère. Pendant qu’elle combinait un moyen d’exciter la curiosité de Rosalie, une horloge sonna minuit. Au même moment, la Souris poussa un cri lugubre et dit à Rosalie :

« Rosalie, voici l’heure de ta naissance qui a sonné ; tu as quinze ans ; tu n’as plus rien à craindre de moi ; tu es désormais hors de mon atteinte, ainsi que ton odieux père et ton affreux prince. Et moi je suis condamnée à garder mon ignoble forme de souris, jusqu’à ce que je parvienne à faire tomber dans mes pièges une jeune fille