Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/196

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La fée Rageuse se retira pleine de fureur, marchant pesamment et se retournant à chaque pas pour regarder Agnella d’un air irrité. Tout le long du chemin qu’elle suivit, elle souffla du venin, de sorte qu’elle fit périr l’herbe, les plantes et les arbustes qui se trouvèrent sur son passage. C’était un venin si subtil, que jamais l’herbe n’y repoussa et que maintenant encore on appelle ce sentier le Chemin de la fée Rageuse.

Quand Agnella fut seule, elle se mit à sangloter. Passerose, qui avait fini son ouvrage et qui sentait approcher l’heure du souper, entra dans la salle, et vit avec surprise sa maîtresse en larmes.

« Chère reine, qu’avez-vous ? Qui peut avoir causé votre chagrin ? Je n’ai jamais vu entrer personne dans la maison.

— Personne, ma fille, excepté celles qui entrent partout : une fée méchante sous la forme d’un crapaud, et une bonne fée sous l’apparence d’une alouette.

— Que vous ont dit ces fées qui vous fasse ainsi pleurer, chère reine ? La bonne fée n’a-t-elle pas empêché le mal que voulait vous faire la mauvaise ?

— Non, ma fille ; elle l’a un peu atténué, mais elle n’a pu le prévenir. »

Et Agnella lui raconta ce qui venait de se passer, et comme quoi elle aurait un fils velu comme un ours.

À ce récit, Passerose pleura aussi fort que sa maîtresse.