Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/198

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babil et la gaieté de Passerose dissipèrent son chagrin ; la soirée n’était pas finie, que Passerose avait convaincu Agnella qu’Ourson ne resterait pas longtemps ours, qu’il trouverait bien vite une peau digne d’un prince ; qu’au besoin elle lui donnerait la sienne, si la fée voulait bien le permettre.

Agnella et Passerose allèrent se coucher et dormirent paisiblement.


II

NAISSANCE ET ENFANCE D’OURSON


Trois mois après l’apparition du crapaud et la sinistre prédiction de la fée Rageuse, Agnella mit au jour un garçon, qu’elle nomma Ourson, selon les ordres de la fée Drôlette. Ni elle ni Passerose ne purent voir s’il était beau ou laid, car il était si velu, si couvert de longs poils bruns qu’on ne lui voyait que les yeux et la bouche ; encore ne les voyait-on que lorsqu’il les ouvrait. Si Agnella n’avait été sa mère, et si Passerose n’avait aimé Agnella comme une sœur, le pauvre Ourson serait mort faute de soins, car il était si affreux que personne n’eût osé le toucher ; on l’aurait pris pour un petit ours, et on l’aurait tué à coups de fourche. Mais Agnella était sa mère, et son premier mouvement fut de l’embrasser en pleurant.