Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

oubliée à jouer des tours à une vieille dame d’honneur méchante et guindée, et à un vieux chambellan avare et grondeur, grands amis tous deux de ma sœur Rageuse. Mais je suis arrivée à temps pour sauver la princesse Violette, seule fille et héritière du roi Indolent et de la reine Nonchalante. Elle jouait dans un jardin ; le roi Féroce la cherchait pour la poignarder ; je l’ai fait monter sur le dos de mon chien Ami qui a reçu l’ordre de la déposer dans le bois où j’ai dirigé les pas du prince votre fils. Cachez à tous deux leur naissance et la vôtre. Ne montrez à Violette ni les bracelets qui renferment les portraits de son père et de sa mère, ni les riches vêtements que j’ai remplacés par d’autres plus conformes à l’existence qu’elle doit mener à l’avenir. Voici, ajouta la fée, une cassette de pierres précieuses ; elle contient le bonheur de Violette ; mais vous devez la cacher à tous les yeux et ne l’ouvrir que lorsqu’elle aura été perdue et retrouvée.

— J’exécuterai fidèlement vos ordres, Madame, répondit Agnella ; mais daignez me dire si mon pauvre Ourson devra conserver longtemps encore sa hideuse enveloppe.

— Patience, patience, dit la fée ; je veille sur vous, sur lui, sur Violette. Instruisez Ourson de la faculté que je lui ai donnée de changer de peau avec la personne qui l’aimera assez pour accomplir ce sacrifice. Souvenez-vous que nul ne doit connaître le rang d’Ourson ni de Violette. Passerose a mérité par son dévouement d’être