Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/224

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Agnella et à Passerose ; on n’avait plus besoin d’aller vendre ni acheter à la ville voisine : grâce à l’anneau d’Agnella, tout se trouvait apporté à mesure qu’on en avait besoin.

Un jour que Violette se promenait avec Ourson, elle se heurta contre une pierre, tomba et s’écorcha le pied. Ourson fut effrayé quand il vit couler le sang de sa chère Violette ; il ne savait que faire pour la soulager ; il voyait bien combien elle souffrait, car elle ne pouvait, malgré ses efforts, retenir quelques larmes qui s’échappaient de ses yeux. Enfin, il songea au ruisseau qui coulait à dix pas d’eux.

« Chère Violette, dit-il, appuie-toi sur moi ; tâche d’arriver jusqu’à ce ruisseau, l’eau fraîche te soulagera. »

Violette essaya de marcher ; Ourson la soutenait ; il parvint à l’asseoir au bord du ruisseau ; là elle se déchaussa et trempa son petit pied dans l’eau fraîche et courante.

« Je vais courir à la maison et t’apporter du linge pour envelopper ton pied, chère Violette ; attends-moi, je ne serai pas longtemps, et prends bien garde de ne pas t’avancer trop près du bord : le ruisseau est profond, et, si tu glissais, je ne pourrais peut-être pas te retenir. »

Quand Ourson fut éloigné, Violette éprouva un malaise qu’elle attribua à la douleur que lui causait sa blessure. Une répulsion extraordinaire la portait à retirer son pied du ruisseau où il était plongé. Avant qu’elle se fût décidée à obéir à ce