Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/227

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Ourson n’avait pas seul répondu à l’appel de Violette. Passerose aussi avait entendu ; aux cris de Violette succéda le cri plus fort et plus terrible d’Ourson. Elle courut à la ferme prévenir Agnella, et toutes deux se dirigèrent rapidement vers le ruisseau d’où partaient les cris.

En approchant, elles virent, avec autant de surprise que de douleur, Violette et Ourson étendus sans connaissance. Passerose mit tout de suite la main sur le cœur de Violette ; elle le sentit battre ; Agnella s’était assurée également qu’Ourson vivait encore ; elle commanda à Passerose d’emporter, de déshabiller et de coucher Violette, pendant qu’elle-même ferait respirer à Ourson un flacon de sels, et le ranimerait avant de le ramener à la ferme. Ourson était trop grand et trop lourd pour qu’Agnella et Passerose pussent songer à l’emporter. Violette était légère, Passerose était robuste ; elle la porta facilement à la maison, où elle ne tarda pas à la faire sortir de son évanouissement.

Elle fut quelques instants avant de se reconnaître ; elle conservait un vague souvenir de terreur, mais sans se rendre compte de ce qui l’avait épouvantée.

Pendant ce temps, les tendres soins d’Agnella avaient rappelé Ourson à la vie ; il ouvrit les yeux, aperçut sa mère et se jeta à son cou en pleurant.

« Mère ! Chère mère ! s’écria-t-il ; ma Violette, ma sœur bien-aimée a péri ; laissez-moi mourir avec elle.

— Rassure-toi, mon cher fils, répondit Agnella,