Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/241

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La violence de l’attaque renversa Ourson. Le Sanglier, voyant son ennemi à terre, ne lui donna pas le temps de se relever, et, sautant sur lui, le laboura de ses défenses et chercha à le mettre en pièces.

Pendant qu’Ourson se croyait perdu et que, s’oubliant lui-même, il demandait à la fée de sauver Violette ; pendant que le Sanglier triomphait et piétinait son ennemi, un chant ironique se fit entendre au-dessus des combattants. Le Sanglier frissonna, quitta brusquement Ourson, leva la tête et vit une Alouette qui voltigeait au-dessus d’eux : elle continuait son chant moqueur. Le Sanglier poussa un cri rauque, baissa la tête et s’éloigna à pas lents sans même se retourner.

Violette, à la vue du danger d’Ourson, s’était évanouie et était restée accrochée aux branches de l’arbre.

Ourson, qui se croyait déchiré en mille lambeaux, osait à peine essayer un mouvement ; mais, voyant qu’il ne sentait aucune douleur, il se releva promptement pour secourir Violette. Il remercia en son cœur la fée Drôlette, à laquelle il attribuait son salut ; au même instant, l’Alouette vola vers lui, lui becqueta doucement la joue et lui dit à l’oreille :

« Ourson, c’est la fée Rageuse qui a envoyé ce Sanglier ; je suis arrivée à temps pour te sauver. Profite de la reconnaissance de Violette ; change de peau avec elle ; elle y consentira avec joie.

— Jamais, répondit Ourson ; plutôt mourir et rester ours toute ma vie. Pauvre Violette ! je serais