Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/245

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apportais sans doute pour notre dîner. Il est tard, le jour baisse. Si nous pouvions revenir à la ferme avant la nuit ! »

Violette essaya de se lever ; mais la terreur, le manque prolongé de nourriture l’avaient tellement affaiblie qu’elle tomba à terre.

« Je ne puis me soutenir, Ourson ; je suis faible ; qu’allons-nous devenir ? »

Ourson était fort embarrassé ; il ne pouvait porter si loin Violette, déjà grande et sortie de l’enfance, ni la laisser seule, exposée aux attaques des bêtes féroces qui habitaient la forêt ; il ne pouvait pourtant la laisser sans nourriture jusqu’au lendemain.

Dans cette perplexité, il vit tomber un paquet à ses pieds ; il le ramassa, l’ouvrit et y trouva un pâté, un pain, un flacon de vin.

Il devina la fée Drôlette, et, le cœur plein de reconnaissance, il s’empressa de porter le flacon aux lèvres de Violette ; une seule gorgée de vin, qui n’avait pas son pareil, rendit à Violette une partie de ses forces ; le pâté et le pain achevèrent de la réconforter ainsi qu’Ourson qui fit honneur au repas. Tout en mangeant, ils s’entretenaient de leurs terreurs passées et de leur bonheur présent.

Cependant la nuit était venue ; ni Violette ni Ourson ne savaient de quel côté tourner leurs pas pour revenir à la ferme. Ils étaient au beau milieu du bois ; Violette était adossée à l’arbre qui lui avait servi de refuge contre le Sanglier ; elle n’osait le quitter, de crainte de ne pas retrou-