Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/267

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tiraillements d’estomac qui indiquaient clairement qu’on avait besoin de dîner. Ourson avait laissé au fond du puits les provisions de la fée. Pendant qu’on s’embrassait encore et qu’on pleurait un peu par souvenir, Passerose, sans dire mot, descendit dans le puits et remonta bientôt avec les provisions, qu’elle plaça en dehors de la maison sur une botte de paille ; elle apporta autour de cette table improvisée quatre autres bottes qui devaient servir de sièges.

« Le dîner est servi, dit-elle, venez manger. Nous en avons tous besoin ; la pauvre madame et Violette tombent d’inanition. Ourson a bu, mais il n’a pas mangé. Voici un pâté, voici un jambon, du pain, du vin ! Vive la bonne fée ! »

Agnella, Violette et Ourson ne se le firent pas dire deux fois ; ils se mirent gaiement à table. L’appétit était bon, le repas excellent ; le bonheur brillait sur tous les visages. On causait, on riait, on se serrait les mains, on était heureux.

Quand le dîner fut terminé, Passerose s’étonna que la fée n’eût pas pourvu à leurs besoins.

« Voyez, dit-elle, la maison reste en ruines ; tout nous manque. L’étable est notre seul abri, la paille notre seul coucher, les provisions du puits sont notre seule nourriture. Jadis tout arrivait avant même qu’on eût le temps de le demander. »

Agnella regarda vivement sa main : l’anneau n’y était plus !… Il fallait désormais gagner son pain à la sueur de son front. Ourson et Violette,