Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/81

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battit pendant soixante jours. Quand tout fut battu, il commença à le moudre dans un moulin qui s’éleva près du blé. Il moulut pendant quatre-vingt-dix jours. Quand tout fut moulu, il se mit à pétrir et à cuire, il pétrit et cuisit pendant cent vingt jours. À mesure que les pains étaient cuits, il les rangeait proprement sur des rayons, comme des livres dans une bibliothèque. Lorsque tout fut fini, Henri se sentit transporté de joie et appela le génie de la montagne. Le génie apparut immédiatement, compta quatre cent soixante-huit mille trois cent vingt-neuf pains, craqua un petit bout du premier et du dernier, s’approcha de Henri, lui donna une petite tape sur la joue et lui dit :

« Tu es un bon garçon et je veux te payer ton travail. »

Il tira de sa petite poche une tabatière en bois, qu’il donna à Henri en disant avec malice :

« Quand tu seras de retour chez toi, tu ouvriras ta tabatière, tu y trouveras du tabac comme jamais tu n’en as eu. »

Henri ne prenait jamais de tabac et le présent du petit génie ne lui sembla pas bien utile ; mais il était trop poli pour témoigner ce qu’il pensait, et il remercia le Vieillard d’un air satisfait.

Le petit Vieillard sourit, puis éclata de rire et disparut.