Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/181

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Giselle, en effet, était furieuse ; entourée par une ronde de vingt enfants, et voulant les éviter, elle se précipitait de droite à gauche pour pouvoir s’échapper ; mais la ronde tournait avec une telle rapidité qu’il lui était impossible de passer, ni même de saisir quelqu’un au passage. Les plus malins tiraient un ruban, attrapaient une fleur, qui leur restaient dans les mains ; la queue fut le premier trophée enlevé à l’ennemi ; au bout de cinq minutes ses dépouilles jonchaient le terrain. Les cris de rage de Giselle, entremêlés des chants et des cris de joie des enfants, n’avaient pas d’abord attiré l’attention des grandes personnes restées dans les salons mais la prolongation de ce tumulte, au milieu duquel dominaient parfois les cris de fureur de Giselle, inquiéta M. de Néri. Il vint jeter un coup d’œil sur cette ronde qui tournait comme un ouragan, et vit de suite que ce jeu, amusant pour les uns, ne l’était pas pour tous. Il le fit arrêter, et en retira Giselle.

m. de néri.

C’est un mauvais jeu, mes enfants ; il ne faut jamais s’amuser aux dépens de personne. Ce qui vous semble, si drôle fait pleurer la pauvre Giselle.