Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

instruisant ; et vous les perdez de réputation en les calomniant. Pourquoi as-tu eu la même méchante pensée pour ton pauvre papa ?

giselle.

Parce que… je n’ose pas vous le dire, ma tante ; vous me gronderez.

madame de monclair.

Non, Giselle, non ; jamais je ne te gronderai pour une explication franche et vraie. Parle sans crainte ; tu es ici comme à confesse ; rien de ce que tu me diras ne sera redit qu’avec ton consentement et ne te vaudra le moindre reproche.

giselle.

Hé bien, ma tante, c’est que je n’aime pas beaucoup papa ; il me gâte tellement que je n’aime pas à être avec lui ; je n’aime pas à me promener avec lui de peur de rencontrer mes amies, qui se moquent de ses gâteries. Je ne peux pas venir à bout de l’aimer ; il m’aime trop, et je sens qu’il me fait du mal. »

Mme de Monclair ne répondit pas ; elle resta quelques instants le visage caché dans ses mains ; Giselle crut l’entendre dire à mi-voix : Quelle punition !

« Et ta mère, dit enfin Mme de Monclair, ta pauvre mère, l’aimes-tu, Giselle ? »

Giselle rougit beaucoup et baissa la tête.