Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/376

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se sentit toute consolée et ne songea plus à Julien ni aux quarante ans du duc. Chaque jour c’étaient de nouveaux cadeaux plus riches les uns que les autres ; il en faisait non seulement à Giselle, mais à toute sa famille et à ses jeunes amies, et y mettait une telle bonne grâce que Giselle commença à le trouver charmant, qu’elle attendait ses visites avec impatience et qu’il put se croire aimé.

Toute la famille, y compris Mme de Monclair, partagea la bonne impression qu’il avait produite ; les domestiques l’adoraient ; il leur donnait des pièces d’or avec une profusion qui leur faisait chanter ses louanges. Giselle se trouvait entourée de personnes qui la félicitaient sur son choix.

Le duc pressait beaucoup le mariage, et, à son grand ravissement, Giselle l’appuyait dans ses demandes, si bien qu’un mois après les derniers adieux de Julien, Giselle était duchesse de Palma.

Les premiers temps furent un enchantement continuel. Les parents de Giselle la voyaient peu ; ils vivaient tristement dans l’isolement et dans la crainte, car ils connaissaient trop bien Giselle pour ne pas prévoir que ses exigences finiraient par lasser la patience du duc. En effet, une première scène éclata, un jour que le duc souffrait d’un rhumatisme au bras et lui demandait de