Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/388

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ses entretiens avec Julien la rendaient plus calme et moins triste. Il lui témoignait la même affection qui l’avait touchée jadis ; et celle qu’elle éprouvait pour lui était bien plus dévouée, plus vive, plus absolue.

« Hélas ! se dit-elle un jour, si je l’avais aimé ainsi quand j’avais dix-sept ans, je n’aurais jamais été duchesse de Palma. J’ai manqué mon bonheur par ma faute ; j’en ai été et je suis encore bien cruellement punie.

julien.

À quoi pensez-vous si tristement depuis quelque temps déjà, Giselle ? »

Giselle ne l’avait pas entendu entrer, elle tressaillit.

giselle.

Je songeais au triste passé, Julien.

julien.

Encore ! Toujours ce passé qui vous revient. Pourquoi ne pas songer à l’avenir ?

giselle.

Parce qu’il n’y a pas d’avenir pour moi ; parce que je l’ai perdu par ma faute ; parce que j’ai épousé par vanité, par égoïsme, un homme que je n’aimais pas, et que j’ai rejeté celui que je préférais, que j’ai regretté pendant des années et que je regretterai toujours.