Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
95
une humanité qui ne veut pas périr

des communications régulières et suivies s’en était augmenté.

Comme les signes par lesquels, dans les âges précédents, on avait essayé, au moyen de puissants foyers lumineux, d’attirer l’attention des habitants de la Terre, n’avaient pas réussi, on avait songé à d’autres procédés. Puisqu’ils n’avaient pas répondu alors qu’on les appelait, il fallait forcer leur attention en leur envoyant directement, brusquement au besoin, des messages sur l’origine et la signification desquels ils ne pussent se méprendre. Comme les lois de la balistique leur étaient depuis longtemps familières, ce n’avait été qu’un jeu pour eux d’envoyer au delà de la ligne neutre d’attraction des deux astres des projectiles que la pesanteur devait ensuite précipiter sur la Terre.

Mais comme la surface du globe terrestre est, pour les sept dixièmes, occupée par les océans, la majeure partie de ces messages lunaires devaient nécessairement se perdre au sein des mers. En outre, de vastes espaces sont, dans les divers continents, ou complètement déserts, ou habités par des peuplades sauvages, ignorantes et absolument incapables de comprendre de telles invitations et d’y répondre ; enfin ceux même des projectiles lunaires que le hasard de leur chute avait pu faire tomber dans des régions civilisées, devaient pour la plupart s’enfoncer profondément dans le sol qui, se refermant après leur passage, en dérobait la connaissance aux habitants de ces contrées.

Il avait fallu un concours prodigieux de circonstances fortuites pour qu’un de ces messages pût être conservé intact, découvert et compris.

C’était celui que Marcel avait montré à ses deux amis. Bien qu’il ne pût nullement se douter des conditions dans lesquelles vivait l’humanité lunaire, l’audacieux ingénieur ne s’était pas trompé en affirmant son existence, et c’est au milieu de cette humanité qu’il allait se trouver jeté avec ses deux compagnons d’aventure.