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un monde inconnu

la réalisation constante de tout ce qui est bon, honnête et juste.

Ils formaient le Conseil Suprême du magistrat qui était à la tête de cette sorte de république.

Ce chef de l’État, dont les pouvoirs duraient autant que sa vie, était élu par les membres de ce conseil et toujours choisi parmi eux.

Dans cette assemblée de sages il ne pouvait être question d’intrigues ou de compétitions vulgaires : c’était toujours au plus digne qu’allaient les suffrages de ses collègues.

Ses fonctions consistaient à diriger les délibérations de l’assemblée qu’il présidait, et à prendre de son initiative propre toutes les mesures qu’il jugeait utiles au développement matériel et moral de la société tout entière.

Il figurait au premier rang dans toutes les cérémonies publiques ; il était à la fois le chef de la religion et de la cité. Ce double caractère auguste et sacré, la conviction de tous qu’il était le premier par la science, par la sagesse et par la vertu, lui assuraient une autorité devant laquelle chacun s’inelinait avec respect.

Dans ce milieu où la situation sociale était marquée par la seule valeur personnelle, aucun privilège n’était réservé à la naissance : tous naissaient égaux, tous passaient par les mêmes épreuves. L’enfant, qu’il fût issu d’un Diémide ou d’un Méolicène, était élevé jusqu’à la puberté au sein de la famille. Sans distinction de sexe, il recevait de la bouche des sages les éléments de toutes les connaissances utiles ou agréables qui devaient lui permettre de remplir plus tard le rôle auquel la nature l’avait destiné. Les jeunes gens y puisaient les principes des sciences qu’ils auraient à appliquer dans les fonctions diverses que leur gardait la hiérarchie sociale. Les jeunes filles, dans l’âme desquelles on cultivait surtout le sentiment du beau, s’y formaient à la culture des arts, sans que ces aspirations vers l’idéal pussent jamais altérer la réserve et la modestie si naturelles à leur sexe et qui font le charme de la vie.

Et ceux qui étaient chargés de distribuer ainsi l’enseignement, et qui avaient la mission délicate de discerner dans chacun les aptitudes dominantes et d’en favoriser le développement pour le