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diémides et méolicènes

donné à la vanité, à l’ostentation, au besoin de paraître, qui gâte si souvent chez les femmes de la Terre les plus précieuses qualités. Leurs traits, réguliers et purs, n’offraient pas ces spécimens de laideur pénible qui chez nous font parfois sourire et aliènent toute sympathie. Leurs visages étaient empreints d’une douceur attachante et d’un agréable enjouement. Un art faux et malsain n’aurait pu y rien ajouter ; la nature leur suffisait, et il ne leur serait pas venu à l’esprit de recourir à de vains artifices pour exagérer l’opulence de leur chevelure, la fraîcheur de leur teint, l’éclat de leurs regards.

Elles ignoraient également cette coquetterie désespérée des femmes qui ne veulent pas vieillir, dont l’esprit frivole et le cœur léger s’alarment à la première ride et aux premiers cheveux blancs. La pensée de lutter contre les lois qui président à la transformation de tous les êtres n’aurait pu germer en elles : elles passaient sans trouble de la jeunesse à l’âge mûr et à la vieillesse, toujours aimées, respectées, honorées.

Du reste, leur visage gardait toujours, même dans l’âge le plus avancé, un grand air de noblesse et de bonté. La franchise et la sincérité absolues qui étaient une loi de leur nature et la condition de leur supériorité morale, rendaient impossibles chez elles ces dissimulations perfides, ces roueries, ces trahisons qui ont si souvent causé sur la Terre le désespoir et la ruine. Les médisances, les calomnies, les bavardages insipides, les insinuations méchantes où se complaisent d’ordinaire dans notre monde inférieur les esprits oiseux ou vides de nos sociétés mondaines, étaient complètement inconnus.

Les liens créés par la nature, consacrés par l’affection et rehaussés par une grande dignité morale, étaient saints et respectés. Chaque famille offrait un tableau complet de concorde et d’amour, où se reflétaient l’ordre et l’harmonie qui régnaient dans la société tout entière.

Les croyances religieuses étaient bien celles qui convenaient à ce monde épuré. Dès l’origine, ses habitants avaient été par la haute puissance de leur raison tenus à l’abri de ces superstitions grossières qui ont marqué chez nous le lent développement de nos