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un monde inconnu

nonçait. Le même fil électrique servait de véhicule aux ondes lumineuses et aux ondes sonores.

On assistait ainsi à ce spectacle étrange : une personne assise devant un écran y voyait tout d’un coup apparaître celui avec lequel elle était en communication ; elle le voyait, l’entendait, échangeait avec lui des propos comme dans une conversation en tête-à-tête, et chacun des interlocuteurs avait ainsi en face de lui celui avec lequel il conversait.

Pour cette humanité supérieure, soumise à moins de besoins que l’humanité terrestre, le cercle des applications industrielles que nous demandons à la science était assez restreint. Leur activité intellectuelle et leur ardeur aux recherches spéculatives n’en avaient pas été amoindries. Tous les problèmes qu’entrevoient nos savants et qui, aux limites de la science moderne, surexcitent leur esprit d’investigation ou exaltent l’imagination de certains précurseurs, avaient été abordés et résolus par eux. Ils avaient depuis longtemps trouvé le moteur électrique que cherchent encore nos physiciens, et qui, développant sous un petit volume une énergie puissante, obtient une somme de travail que sont bien loin d’atteindre encore nos essais rudimentaires.

Après avoir passé, comme nous, en matière d’aérostation, par la théorie des ballons fondée sur la doctrine du plus léger que l’air, ils n’avaient pas lardé à reconnaître son impuissance radicale. L’observation du vol des oiseaux les avait rapidement conduits à l’adoption d’un principe tout opposé, celui du plus lourd que l’air. Et avec ce moteur dont ils disposaient, ils étaient bientôt arrivés à construire ces esquifs aériens, légers et résistants, dont nous avons déjà parlé et qui avaient fait l’admiration des représentants d’un monde moins avancé.

Dans un intérêt purement scientifique et sans même songer à leur demander des applications pratiques dont ils n’avaient pas besoin, ils avaient arraché à la nature ses plus mystérieux secrets.

La liquéfaction et la solidification des gaz leur étaient depuis longtemps familiéres, et Marcel put contempler dans leurs laboratoires, maintenus sous de formidables pressions, les divers gaz contenus dans leur atmosphère.