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un monde inconnu

ment la constitution physique des astres composant notre système planétaire.

D’ailleurs, il n’échappait pas à Marcel que les observateurs lunaires se trouvaient dans des conditions tout à fait uniques et bien autrement favorables que ceux de la Terre. Ces longues nuits de trois cent cinquante-quatre heures que leur ménageait, chaque mois, le mode de rotation de la Lune, leur offraient de merveilleuses facilités. Ils pouvaient, en effet, se livrer à des observations longues et suivies dont rien ne venait ni troubler ni déranger le cours. Dans le ciel d’une immuable pureté, que n’épaississaient jamais aucunes vapeurs, que ne voilait aucun nuage, où la lumière arrivait toujours nette et franche, on pouvait discerner les astres avec la plus rigoureuse précision. En outre et par suite de la lenteur même de cette rotation, le mouvement apparent des étoiles était extrêmement faible et à peu près le même que celui de notre étoile polaire. Ils pouvaient donc suivre avec exactitude la marche de l’astre qu’embrassait le champ de leurs lunettes, et aucune des variations qui se pouvaient produire ne leur échappait.

Dans de telles conditions, ils avaient trouvé la solution de bon nombre de problèmes que se posent encore aujourd’hui les astronomes terrestres.

C’est ainsi qu’ils avaient pu depuis longtemps dresser des cartes assez complètes de Mercure et de Venus : ils avaient découvert que la rotation de cette dernière planète sur son axe s’effectuait dans un temps sensiblement égal à celui de sa révolution autour du soleil[1]. Et cet étrange phénomène astronomique, que n’avaient pas encore soupçonné les savants de la Terre, avait jeté Marcel dans une profonde surprise.

Mars avec ses continents, ses canaux gigantesques et ses calottes de glaces polaires, n’avait plus de mystère pour eux. L’atmosphère épaisse qui enveloppe Jupiter leur en avait, comme à nous-mêmes jusqu’ici voilé la surface, et leurs études sur cette planète n’étaient guère plus avancées que les nôtres. Mais ils avaient résolu l’anneau de Saturne, et Marcel put se convaincre

  1. Depuis, cette découverte, révélée par M. Schiaparelli, a été confirmée par M. Perrotin.